Qui MA Prise ? Le Dénouement
Bientôt sept ans depuis cette fin décembre 2014. Sept ans que je vis sans savoir. Sept ans dinterrogations et toujours la même réponse de mon époux : NON !
Pourquoi ne veut-il pas que je sache ? Que je sache qui ma prise penchée sur son bureau, aveuglée par un foulard soigneusement noué sur mes yeux ! Peut-être craint-il que je compare ses performances avec celles dun inconnu qui aujourdhui encore nest pour moi quun fantôme ?
En tous cas il nimagine pas combien cest devenu pour moi une obsession de ne pas savoir qui ma baisée ce soir-là. Un collègue, une relation, un inconnu même ? Jai pensé à toutes ces éventualités. Mais à chaque fois ce qui me trouble le plus, sans que je puisse en donner une explication, ce sont les sensations que mon corps a gardées en mémoire : moi, cette épouse fidèle, presque nue, les yeux bandés, les mains à plat sur le cuir qui recouvre son bureau, qui attend à laffût du moindre bruit, qui guette le moindre mouvement dair. Ce changement datmosphère, cette odeur juste avant le contact de ces mains sur mes épaules.
Quand je me replonge comme aujourdhui, dans cet instant, jai limpression aussitôt que cette bite tendue, dure, brûlante me pourfend brutalement à nouveau. Les images se bousculent dans ma tête, mon ventre me brûle et une envie folle de me caresser menvahit.
Et lui ? Je me suis demandé bien souvent comment il avait vécu ce moment. Il lavait provoqué, cétait son fantasme, pas le mien. Du moins à cette période pour notre couple. Dans la routine du quotidien si commun à bien des couples, il souhaitait redonner un nouvel élan à notre sexualité. La mienne allait bien pourtant. Il mallait bien. Peut-être avais-je des fantasmes refoulés ? Mon éducation ? Banale et si fréquent que cela en devient ridicule de lévoquer.
Mais, contre toute attente ce fut pour moi une révélation. Révélation dune libido en sommeil. Je me libérais de limage de maman qui me conseillait de me méfier des hommes, de ne pas les exciter avec des tenues légères.
Et cette rencontre inattendue m'avait toute bouleversée. Je suis devenue avide de sexe. Moi si prude, je mexhibe volontiers désormais.
Mais ce soir, je dois me contenir.
Cest une soirée professionnelle. Accompagnée. Je me sens belle pour mon mari. Jai cédé à lenvie de mettre cette robe rouge qui me colle à la peau. La finesse du tissu me déshabille plus quil mhabille. Jai même abandonné le soutien gorge et gardé mes jambes nues. Je suis fière de mes seins et de mes jambes. Même le maquillage plus marqué traduit mon envie de plaire.
On pourrait appeler ça un acte caché non ? Comme si au fond de moi jespère toujours un jour découvrir qui est celui qui ma prise et être prête pour lui ?
Mais cest mon chéri, qui en profite là. Il devrait en être fier de moi, mais je le trouve bizarre, tendu. Oui, cest ça, il nest pas tranquille. Pourtant il est plus dans son élément que moi. Et comme chaque fois quand je côtoie son milieu professionnel, une sorte dangoisse sempare de moi. Elle surgit du plus profond de ma mémoire. Et ce soir néchappe pas à la règle.
- Tu sembles inquiet ? On dirait quune chose te tourmente ?
Lentement il se tourne vers moi et avec une infinie douceur, un sourire aux lèvres, il me murmure, presque pour lui-même :
- Et sil était là ?
A ces mots, je me sens défaillir. Jai immédiatement saisi le sens de ces mots. Car bien sûr, comme à chaque fois que nous sommes en présence de collègues, cette éventualité simpose. Je respire pour reprendre contenance en feignant une mine étonnée.
- De qui parles-tu ?
Je sais bien de qui il parle. Et lui aussi évidemment. Je sais quil na pas oublié, cet instant maintenant lointain qui a été pour nous une expérience nouvelle. Il est pâle, (ses mains tremblent légèrement). Inquiète, je linterroge.
- Ça ne va pas mon chéri ?
(Je me sens soudain envahie dune forte panique.)
- Non, non, tout va bien. Ne tinquiète pas, me répond-il.
Pourtant je suis troublée. Malgré tout, prenant mon courage à deux mains je lui lance, attentive à saisir la moindre réaction.
- Il est là, cest ça ?
- Oui !
- Cest qui ?
Vais-je enfin savoir ? Apparemment ce doit être un nouveau venu ce soir, dans cette assemblée. Déjà, je me rends compte quil y a beaucoup de personnes que je ne connais pas ou que jai seulement parfois rencontrées.
- Je ne te le dirai pas !
Cette fois la colère monte.
- Tes un salaud ! Lui il sait et il doit bien se réjouir. Je me sens humiliée. Dis-moi !
Il reprend soudain la maîtrise de ses émotions. Il prend même un air coquin pour ajouter :
- Non ! Ninsiste pas. Tiens, un défi pour toi ! Je sais quil te baiserait volontiers de nouveau. Cherche, il va bien manifester un geste, un regard, dire un mot qui devrait le désigner. Si tu arrives à le confondre, je te loffre.
- Cest bien gentil ça ! (Mes tripes se retournent. Le souvenir de cette grosse bite qui ma pilonnée sans pitié me met leau à la bouche. Je mouille). En plus, non content dexciter ma curiosité, tu excites ma libido. Si je gagne, je vais te le faire payer !
Il accuse le coup mais ne se laisse pas démonter.
- Je men doute. Je te rappelle quil tavait laissé un souvenir plutôt flatteur pour lui, non ?
- Tu lui en as parlé depuis ?
- Bien sûr. Je me souviens même que jen avais été très jaloux. Tu lavais, souviens-toi, laissé jouir en toi alors que tu ne prenais plus la pilule, ce que tu mavais caché car tu voulais mimposer un bébé.
- Oui, cest vrai et notre petit est venu. Tu sais bien quil est ton fils !
- Encore heureux !
- Alors tu me le montres ? Sil te plaît !
- Écoute, il y a quoi.
Sur ces paroles, le salaud me plante là sans aucun égard pour moi. Je le suis des yeux dans lespoir de trouver un indice. Rien ! Il rejoint ses stagiaires trop jeunes pour faire mon affaire.
Je file au bar et je commende un whisky pour me donner une contenance. Je me sens au bord des larmes autant de colère que de dépit.
Il faut bien dire que ce soir là jai vécu un moment tellement fort quaujourdhui encore, il mobsède et il marrive même davoir des frissons en y songeant.
Je repense au moment où jai cédé pour le laisser jouir en moi. Quand jai senti son sperme menvahir et peut-être me féconder. Je nai rien fait pour my opposer. Pourtant cela na duré que quelques secondes dabandon. Mais tellement fortes, avec une telle intensité que toutes les cellules de mon corps sen souviennent. Et puis il mavait prise avec force et javais joui comme jamais. La situation y était pour quelque chose bien sûr, mais je me souviens très bien de son ardeur à me faire prendre mon plaisir, avec une fougue inconnue.
Et son doigt dans mon fondement. Çà cétait une première pour moi. Sil lavait voulu je me serais laissée aller, même à lencourager à menculer. Jen frissonne encore. Dautres depuis sont venus, mont baisée, enculée, mais jamais aussi intensément.
Bien sûr mon chéri a compris que son complice sétait déversé en moi. Mais il ignorait alors ma supercherie destinée à lui imposer notre futur . En plus je me savais dans une période qui aurait dû être féconde.
Jai paniqué les jours suivants jusquà la venue de mes règles. Quel soulagement ! Cest bête à dire mais au delà du soulagement jétais un peu déçue. Facile quand on se sait libérée ! Le mois suivant jétais enceinte de mon mari, et avec son accord.
Tout cela pour dire que ce rapport reste toujours pour moi, un des moments dexception de ma vie de couple.
Et maintenant ? Qui est-il ? Où est-il ? Je scrute la salle pour saisir un regard qui le trahirait. Et puis je me retrouve doucement à choisir celui quil me plairait davoir eu comme amant ce soir là !
Le verre à la main, dont jai déjà bu la moitié du whisky qui me chauffe la tête, je me dirige vers un groupe de trois individus de sexe masculin sans vraiment de stratégie.
Je les connais tous. Je pense quils sont dans la boite depuis plus de dix ans. Ils ont le profil. Lair innocent, je fais celle qui sait. Ils maccueillent tous les trois avec le même sourire. Cest mal parti. Mais je ne me dégonfle pas et je les entreprends.
- Bonsoir, vous êtes célibataires ce soir ?
- Ben non ! Nick est là bas avec la femme de Pierre.
- Moi oui Chantal, annonce Francis ! Pierrette est auprès de sa mère malade.
Je me mords la lèvre inférieure. Un bide. Aucun des trois naffiche un quelconque malaise. Et ils sont mariés. Jimagine que mon mari naurait pas débauché un collègue marié, à moins que
- Vous êtes mariés depuis longtemps, si ce nest pas indiscret.
Bonne question me dis-je.
Les deux plus mignons le sont depuis plus de dix ans. Le dernier, Francis, le plus séduisant, depuis moins longtemps. Tant pis pour Pierrette, je me lance.
Sans aucune pudeur je le fixe dun regard que je souhaite accusateur. Il me sourit sans comprendre. Pourtant le doute me submerge.
- Vous êtes un bon ami de mon mari non ?
- Je lespère oui. En tous cas je lapprécie beaucoup.
Je cherche le moindre signe de gêne. Aucun. Pourtant javoue que je me verrai bien succomber à ses charmes. La folie me poursuit.
- Pierrette est absente pour plusieurs jours ?
- Au moins jusquà la fin de la semaine prochaine. Sa mère est à Londres.
- Vous voulez venir dîner demain soir chez nous, cela me ferait plaisir ?
Ma proposition la surpris. Je le sens quelques secondes déstabilisé.
- Pourquoi pas, Chantal, si Monsieur est daccord.
- Il est daccord, je sais quil vous aime beaucoup. Disons 20 heures ?
- Daccord, à demain.
Je réalise que les deux autres sont dépités et jaloux de mon audace. Mais tant pis. Je tiens loiseau ! Et demain soir je compte bien men régaler. Satisfaite je quitte le groupe à la recherche de mon époux pour lui annoncer ma victoire.
Du coin de lil Francis mépie. Ça confirme que jai découvert mon inconnu bien aimé. Quand jarrive auprès de lui, mon chéri repère mon regard et celui de mon suspect damant. Je lui souris en lui annonçant !
- Je crois que je lai confondu !
- Francis ? Ah bon. Et ?
- Je lai invité demain soir pour le dîner.
Sans se départir dun calme qui ménerve, il murmure :
- Cest une bonne idée surtout que je crois quil est seul.
- Oui ! Et je compte bien en profiter.
- Sois prudente. Ne vient foutre pas le bordel parmi mes collaborateurs.
Sa réflexion manéantit. Il veut me faire croire que je me suis trompée.
- Bien sûr que non. Je serai très discrète
mais séductrice, pensais-je en moi même !
Un peu ébranlée pourtant, je décide de poursuivre ma chasse.
Mon regard est attiré par un couple en pleine discussion. Je les connais mais pas plus que ça. Apparemment la femme sermonne son chéri et je crois voir quelle jette des illades en ma direction. Une scène de ménage dont je serais la cause ?
Sans réfléchir je les rejoins. Leur discussion cesse spontanément. Ils maccueillent même avec gentillesse.
- Bonjour Chantal, comment allez-vous ?
Cest lépouse qui minterpelle.
- Jétais justement en train de dire à Marcel que vous portiez une bien jolie robe.
- Ah ? Merci ! Je vais bien. Cest une vieille robe mais je laime bien.
En disant ces banalités, je fixe le regard de Marcel en essayant dy mettre une once de reproche et même daccusation. Je le vois rougir. Je jubile mais en même temps je minquiète Et Francis ?
- Vous voulez quelque chose à boire, jallais justement remplir mon verre au bar.
- Non merci, dailleurs nous devons rentrer. Bonne fin de soirée.
- Merci et rentrez bien.
Je suis soulagée mais en même temps troublée. Ce Marcel avait une mine de coupable, cest sûr. Mais je nai pas ment envie de casser ce joli couple et Marcel est loin de me plaire. Tandis que Francis !
En rentrant, dans la voiture mon mari est silencieux et semble contrarié.
- Cest bien Francis hein ? Cest ça ? Et cela te pose un problème ?
- Non pas du tout. Enfin, non, pas de problème pour linvitation. Mais pour ton amant dun soir, je tai déjà dit que je ne te révélerai jamais qui ta prise ce soir là. Et puis jai appris que notre directeur des ventes était muté à létranger. Je laime bien.
- Cest René ?
- Oui.
- Il y était déjà parti ?
- Oui aux États Unis, il y a six ans !
- Alors cest lui ! Lui qui ma prise avant de partir à létranger. Cest pour cela que tu las choisi.
- Arrête Chantal, tu deviens pénible.
- Si ce nest pas lui alors invite-le un soir pour dîner à la maison.
- Avec Francis ? Dit-il avec un soupçon de moquerie dans lil.
- Pourquoi pas. Au contraire.
- Tu es impossible. Daccord. Mais je ne suis pas sûr que ce soit des libertins. Jespère que tu sauras te conduire avec un minimum de retenue !
- Pour qui me prends-tu ? Sois tranquille.
Je reste silencieuse le reste du trajet. Je me sens excitée et en même temps humiliée. Je ne réalise pas tout à fait ce que jai déclenché. Une chose est certaine mon cher époux a lair de se réjouir de mon initiative.
(à suivre)
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